mercredi 25 juillet 2007

mon nouveau défi

Je vais pas sortir des masses du lot en disant que j'aime bien recevoir des emails et que mon hotmail me dise que j'ai plein de nouveaux messages quand j'arrive au bureau, même si c'est des gens que je connais pas, on sait jamais, on est po à l'abri de nouveaux amis ! Y a deux semaines, je recevais un email de Yuki Yamashi qui me disait à quel point elle aimait mes robes, (oh ben c'est gentil), qu'elle aimerait me revoir quand elle irait à Tours, (aurais-je trop bu ce jour là ? me souviens d'aucune rencontre), qui m'appelait Alfredo Vaez, (note pour moi-même : arrêter de me déguiser en homme, apparemment les gens y croient), et qui disait qu'elle avait eu mon adresse par Mme Wasaki, sacrée farceuse, cette Mme Wasaki ! Yuki, faut arrêter de croire tout ce qu'on te dit et de croire que un type qui s'appelle Alfredo et qui fait des robes peut se cacher derrière le mail du petit renne. Bon, pour pas dire que du mal, dans ma ville d'origine, y a bien une boutique Alfredo Vaez avec plein de robes dedans et mon adresse hot hot hot est bien enregistrée sur Tours, et je serais dans ma ville en France, je me ferais un plaisir d'imprimer le mail et d'aller voir Alfredo moi-même pour passer le message (quand j'étais petite, je voulais être factrice pour apporter des bonnes nouvelles aux gens, c'était avant qu'on reçoive des lettres en recommandé de la part du banquier de mon père) , mais là, désolée Yuki, à 1 500 euros l'aller retour pour la France, ma gentillesse a ses limites. Et change d'amie, je te le dis sincèrement, Mme Wasaki te dit des conneries. J'ai aussi comme tout un chacun les emails d'orphelins africains qui ont besoin de mon numéro de compte bancaire pour toucher l'héritage de leur père "récemment décédé dans des circonstances très mystérieuses", bien sûr. Et aussi Inès, à qui j'ai dit que je n'étais po intéressée mais qui continue à m'inviter à ses ventes, merci Inès. Mais ce matin, une nouvelle amie, Celia, m'a lancé un ultimatum : "anne 3 jours GRATUITS pour rencontrer l'ame soeur !?De : Celia "Alors, Celia, on voit que tu débarques dans ma vie sans avoir lu ma bio. Sinon tu saurais que je suis hyper dépensière alors c'est po en écrivant "gratuits" en caractères 42 que tu vas m'attirer. Et, surtout, qu'un délai de trois jours pour trouver l'âme soeur, après 28 ans d'expérience de ma propre vie, je peux te dire, ça dépasse de loin tous les sujets les plus farfelus de science fiction. Là où elle peut m'intéresser, c'est qu'elle me propose de me concentrer sur les Européens de ma région en France, et là, me trouver un Européen qui vivrait à Tours quand je suis partie pour quelques années à l'autre bout du monde, ça sent le plan foireux dans lequel, en général, j'aime me rouler.Merci Celia.Rendez-vous dans 3 jours !

vendredi 13 juillet 2007

Hier j’ai reçu deux emails de recherche de voix et un de trouvage de clés. Le dernier, je sais pas s’il a été résolu mais j’y ai pas prêté trop attention, vu que mon porte-clés en arêtes de poisson (pas un collage de centre aéré, mais comme un poisson déjà mangé ) était là tout bien posé sur mon bel agenda de prof organisé.

Mais les emails de recherche de voix, ça m’a plus interpellée. J’aime bien l’idée. Autant le don de sang, je fais autant que je peux mais depuis qu’une infirmière nous avait sorti, à la fac : « si vous vous êtes mouchés ces trois derniers mois, on peut pas prendre le risque de donner votre sang à quelqu’un » en nous faisant des vilains gros yeux, moi qui suis connue pour faire comme les mamies, vivre été comme hiver avec un mouchoir dans ma manche, ça a réduit mes perspectives de don.
Il est possible, je le conçois bien, qu’elle nous ait menti, mais vous auriez vu l’infirmière, vous aussi vous y songeriez à deux fois. Que le don de voix, je vois po de risque. A priori, j’ai plein de choses qui foirent, le coté droit de moi-même est pourri. On m’a greffé un œil de taupe en guise d’œil droit, Carlos et Monica Bellucci, si je ferme l’œil gauche, c’est des jumeaux. L’oreille droite, j’entends mal, rien d’abominaffreux mais mal.
Me suis cassé le bras droit à 3 ans, j’ai menti au docteur qui me disait « mal – pas mal ? » en replaçant mon bras pour poser le plâtre, en me disant « si je dis que j’ai jamais mal, ptêt y va pas me mettre de plâtre », résultat j’ai eu un plâtre sur un bras mal replacé et j’ai le bras tordu, et ce parce que, m’étant cassé le pied droit à 1 an et demi, on m’avait collé un plâtre qui faisait presque mon poids (j’étais maigre, avec une grosse tête rousse, je sais pas pourquoi mes parents m’ont gardée, la pitié, peut-être) et j’avais pas aimé, donc voulu éviter. Raté.
Et pis j’ai la jambe droite plus longue que la gauche, là c’est vrai c’est du parti pris, je pourrais dire que c’est la gauche qui est plus petite et donc sauver mon côté droit, mais pas envie.Mais ma voix, ptêt pasque la voix, ça a pas de côté, ben elle est relativement pas pourrie. Mis à part quand je chante mais c’est résolu, je chante pu.

Donc je me suis dis que je pouvais contribuer et que ça valait la peine de lire en détail. Le premier mail j’ai été déçue : un bureau de traduction qui cherchait des locuteurs natifs pour faire des enregistrements de travail, mais critère requis : être un homme. Là, à part si je me chope une bonne crève de celles qui me valent, une fois par décennie, de faire passer Fanny Ardant pour un castra, ça va être chaud.Tant pis. Le deuxième : « recherche une voix française (je vis en NZ, hein, sinon ça serait louche de préciser) féminine (jusque là tout va bien) pour doubler la voix principale d’un film sur une légende maorie. Auditions non rémunérées, jeudi après-midi. Doublage : 90 dollars/heure »Ben dis donc, c’est que c’est sympathique ça.

Pis avec un démarrage aussi fulgurant que le mien pour ce qui est des cours de maori, je sens que j’ai déjà un lien assez intense avec la culture. En plus, ma vie est limite banale en ce moment, vraiment, si j’y mets pas un peu du mien, je risque de vivre normalement et je sais pas si je suis prête…Donc j’appelle, je tombe sur Hervé, un mec que je connais un peu, Wellington est petit comme un slip de poche, et hop, rdv jeudi à 15h30. J’en apprends un peu plus que c’est pour faire la voix off d’un documentaire sur les origines de Rotorua, région chauffée naturellement par des volcans, et que va y avoir quelques termes maoris dans le tas, mais que je stresse pas trop pour la prononciation.

Boh alors là. Je stressais un peu pour mon premier cours de maori, connais personne nia nia nia, ben quand je vois ce qu’il s’est passé, autant que j’arrête de m’en faire. Donc voilà. Le soir je raconte ça à mes colocs. Pour eux l’idée de base c’est que c’est sexy d’être française donc leur première idée de ce que je pouvais doubler, c’était des pubs de téléphone rose, forcément, le fait que parler français quand on est française ne soit pas aussi sexy que parler anglais quand on est français leur échappe un peu. Je savais moi-même pas trop ce en quoi consistait le documentaire (« j’aurais le script avant l’audition ? » « boh tu sais, ça va être simple » oui pis je suis bien bien calée en légende maorie, ça va aller tout seul, très seul) donc j’ai même pas tenté de contredire.

A vrai dire, la maison de production du documentaire est au dessus du club de strip-tease où bosse l’ex de mon coloc, alors pourquoi pas se spécialiser dans des pubs de cul quand on a tout le matos au rez-de-chaussée.Mais bon. Je verrais bien quand j’y serai.

Ça y est, j’y suis. En avance, tiens, comme d’hab si on me colle pas un changement d’heure fourbe, donc du coup le mec que je connais est po là. Une phrase que j’aurais jamais cru dire « Bonjour, je viens pour l’audition… » « ok, tu as le script ? » Ah. Je savais bien que y avait un script. « Non, j’ai eu que des entretiens téléphoniques hier » ça complique vachement pour faire passer des documents papier. « Bon ben tiens, tu as qu’à le lire en attendant Hervé ! » Eh bien Hervé, mon ami, prends ton temps.
Allez, je perds pas le mien, je prends mon petit crayon et hop, lecture, soulignage, repérage de ces ptits mots maoris, tout ça tout ça.Bon, alors, pouce, phrase d’entrée je bloque. Au téléphone, j’avais demandé s’il s’agissait bien d’une voix off, pas d’un doublage d’acteur, paske si j’ai jamais eu de dîner de travail avec Eddy Murphy ou Patrick Timsit, c’est pas que un hasard, c’est essentiellement parce qu’on fait po le même métier. Ok, je passe mes journées à parler sur tous les tons à mes étudiants, à leur lire des textes en mettant le ton histoire de récupérer ceux qui cuvent de la fête de la veille, mais quand il s’agit de leur montrer « L’âge de glace » en version français, je préfère faire le réglage dvd que doubler moi-même.« Nan, nan, t’inquiètes pas, c’est juste voix off, a po d’acteur, no soucy ». Ne croyez pas Ophelie.

Première phrase : « Maitrisé ? Ha ! vous plaisantez… Venez voir par ici ! Allez-y… »Ca ressemble à une voix off de documentaire ça ? Normalement, une voix off de documentaire, ça dit « La loutre chauve, petit animal très complexé, ne sort qu’à la tombée de la nuit les jours d’éclipse » avec un ton feutré pour pas réveiller les gens qui dorment devant leur télé à 2h du mat’. Ça c’est de la voix-off, mais ça n’interpelle pas ironiquement le téléspectateur avec éclat de rire à la clé !
Pfff… on ne se laisse pas abattre, on continue, trouver les mots maoris, c’est mon seul but.

Alors Aotearoa, facile, c’est le lexique de base, ça veut dire Nouvelle-Zélande, je le savais pas en arrivant, tout le monde a eu l’air poutré, mais maintenant je maîtrise. Te Awara, la tribu du coin, ok, ça va.
Mais.
Ngatoroirangi. Je cite « ne stresse pas pour la prononciation, ça va être facile ». Ca, selon les normes de qui c’est facile ? Bourrée je dis pas, mais là, à jeun, je freine un peu devant l’obstacle. Un souvenir d’une galère avec un chauffeur de taxi à qui je demandais de me conduire à Ngaio, n-g-a-yo, dans une incompréhension totale, m’a fait trouver que le g se prononce pas. Reste quand même Natoroirani. Facile. Bon, on parcourt le reste du texte, il est 4 fois dans le texte, ça me laisse soit des chances de progresser et d’avoir bon si on me laisse finir, soit 3 chances supplémentaires de me planter.

Oh ben un autre bien : paragraphe 18 : Whakarewarewa. Ca n’a l’air de rien, mais sachant que le r maori se roule, et que moi, sais po rouler les r, ben un mot comme ça, ça vous colle une gouttière de sueur dans le dos en deux temps trois mouvements. Oh tiens Hervé. Salut, na va ? ben oui, na va bien et toi ? Oh Ngatoroirangi et Whakarewarewa mis à part, ça roule.

Sur ce, le directeur de prod nous fait signe qu’on y va, donc on y va. Avant que je me mette à lire, sans savoir par quel bout prendre ma phrase d’entrée, y m’ont demandé si je voulais voir le film en question, le début, ben oui tiens justement le début, pour avoir une idée de ce qu’on attendait de moi… Pas contre…
Hop, générique. Et là, je rebloque. Ok, la personne qui s’agite en anglais dans l’écran porte quelque chose proche de la jupe et a les cheveux longs, mais qu’on ne me prenne pas pour un lapin de 6 semaines, cette personne est un homme. Et même un homme connu, Temuera Morrison.

Je suis sensée doubler cet homme ? Hmmm, sexy, en effet… Ne rien dire, ne pas sourire, le boulot n’est pas fait. « C’est bon tu te sens prête ? » A doubler un homme en utilisant des mots interminables dans une langue que je ne connais pas ? Oui, toujours !« Bon alors go ! »

Et c’est parti ! On tremble pas comme à son premier exposé de sixième, on suit po le texte avec son doigt et on fait comme si être un maori en jupe était une seconde nature. On lit… et on lit… et on lit encore… Quand est-ce que tu dis « Pouce ! » monsieur ?? Aïe aïe aïe, le grand plongeon de 21 syllabes approche, arrête-moi arrête-moi, non ? bon, on inspire à fond et on saute ! « Ngatoroirangi » « Yeeeeaaaaaaaaaaah ! » Wow ! tu es un petit producteur en taille mais tu as un « Yeah » à faire peur au Roi Lion. Ca veut dire quoi ? « ok, merci, alors est-ce qu’on a le courage de prendre une décision tout de suite ? » Heu, j’ai l’impression d’être à la Nouvelle Star et je sais pas encore si Manu Katché va me balancer une vanne qui déchire son short. « Eh ben moi je vote pour Anne !!! » « Ouais, aussi ! »

Donc là, c’est le moment où je dois mettre les mains façon cœur croisé et faire la même tête que si je retrouvais mes parents après 3 mois de prise d’otage ? En balbutiant « merci et j’adore ce que vous faites » ? On va s’arrêter à « merci ! » Pis on a fait tope-la, donc je peux poser la question qui me gratouille le bout des bois depuis le début : « et pourquoi vous avez choisi une voix de femme ? » « ah, ça c’est pasque jamais on aurait trouvé un homme qui pourrait doubler de manière naturelle quelqu’un avec le charisme (note pour moi-même, en anglais « pagne » doit se dire « charisme » ) de cet acteur, donc on s’est dit 'autant faire dans le grand contraste' tu vois ? »

Oui, ça je te confirme, de là où je suis, le contraste entre le grand maori des bois et le petit renne de jardin, il est bien dans ma face.

Donc voilà, c’est le deal, je suis la voix off officielle d’un chef de tribu maori. J’en sais maintenant un peu plus sur le film, c’est un film pour cinéma dynamique, avec les sièges qui bougent et tout, le vent dans tes cheveux, Ze attraction du musée de Rotorua. Tous les touristes français mesurant plus d’1m05, non enceintes, non cardiaques, et aimant se faire secouer l’arrière train par rangée de douze en se cultivant sur les volcans, vont entendre ma voix leur expliquer la vie et les croyances de mes ancêtres les maoris. J’adore.

J’adore aussi que mercredi qui vient, je vais enregistrer le texte dans les studios de Peter Jackson. Si vous savez po qui sait, m’en fous, je vous cause pu.

Pfff, même pas vrai, pasque si rien que l’audition ça vaut trois pages sur Word (ouais ouais), je parierais pas sur le calme absolument pendant une matinée de studio d’enregistrement. (Qu’est-ce que t’en sais, grognasse, t’y as jamais été ? Pas faux… mais quand même. Comme dirait Hélène Ségara, je ne cherche pas les [emmerdes], je m’y attends. (Elle dit pas exactement ça, cf. les [], mais j’ai eu cette phrase niaise comme une répartie d’Eve Angélie depuis deux jours dans la tête, j’espère m’en débarrasser comme ça, voilà, c’est pour vous).

lundi 9 juillet 2007

mon premier cours de maori

L’année dernière, même époque, je faisais russe (trop dur) et de japonais (po pu continuer parce que pas assez d’élèves pour le niveau 2), pis j’ai changé de boulot pour donner des cours du soir et par définition, les cours du soir, ça tombe relativement le soir. Eh ouais. Du coup, moins de temps, enfin de soirs, pour moi même suivre les cours du soir. Mais depuis peu, j’ai trouvé des cours qui payent 2 fois plus que mon ancien baril de cours que ça a pas été trop dur de décider de changer, même avec des étudiants qui essayent de vous faire culpabiliser comme quoi c’est po juste que vous les abandonniez, eux, que vous adorez, que pour des nouveaux étudiants que vous connaissez même po et que ça se trouve vous les aimerez pas et que tout le monde sera triste. Ouais. Alors là, autant le dire tout de suite, ayant un boulot qui me prend tout mon temps de tous mes jours de 9h à 17h, les heures supp’ que je fais avant 9h du mat’ et après 17h, c’est uniquement pour l’argent. Si en plus, y sont contents, c’est l’extase, mais boh, perso c’est la tirelire qui parle en premier.

Bref. Du coup, des cours deux fois plus payés égal 2 fois moins de cours a faire donc du temps libre en plus et je peux me repencher sur les cours du soir où je serais de l’autre côté du bureau.
Problème, mon soir de libre pour ça, c’est le lundi et aucune des 5 langues que j’ai déjà un peu appris tombe le lundi, faut y mettre de la mauvaise volonté quand même ! Donc faut faire rien ou un truc nouveau. Rien, bof, c’est l’hiver et ma maison n’est chauffée que autour de ma bouillotte, chui pas plus tentée que ça de prolonger les moments cul-gelé. Les trucs nouveaux du lundi : poterie, dieu merci la glaise est fournie, chant pour grands débutants, non j’ai pas encore surmonté l’interdiction formelle de chanter émise par mes parents depuis les longs trajets Picardie-Puy de Dôme vers mes 3 ans, divers ateliers sur Access et Excel, je suis prof, pas comptable ou statisticienne, les bases me suffisent, et puis portugais et maori.

Ceux qui me connaissent savent qu’il y a peu de choses qui me hérissent les bois plus que le jazz mais que le portugais en est une. Et que mon ex le plus balaise en écoute de sa copine est probablement celui qui m’a offert une copie (et en plus il est radin) de son CD de jazz brésilien. Y a que en l’emballant dans de la brandade de morue qu’il pouvait faire un meilleur score mais j’aurais pris ça pour de la provocation.
Donc portugais, non.

Reste maori. Et comme reste, c’est pas pire. Ca a avant tout le mérite d’être l’une des trois langues officielles de NZ (la troisième c’est la langue des signes, NDLR) bien plus que le russe et y a peu de chances que je trouve des cours de maori si je redéménage dans un autre pays. Donc comme ça, apprendre du maori, je pourrai cocher que c’est fait. Faut pas rêver, il est quasi hors de question que ça m’ouvre les portes de la communauté, ça, c’est du rêve plein pot, mais ça peut donner un petit aperçu de la culture locale.

Donc voilà, chui inscrite, premier cours lundi 9 juillet, 17h30. Aujourd’hui. A 17h25, j’étais bien dans la salle MZ10, j’avais trouvé mon ptit badge pour que tout le monde se regarde le sein gauche avec la bonne excuse de chercher le nom de son voisin, j’adore, et je farfouillais dans mon sac pour trouver un stylo, sous le regard narquois de mon voisin « ah ouais, c’est la première activité du cours, vider son sac à main devant tout le monde ? », tout ça parce que sur mon bureau s’alignaient crème pour les mains, passeport, brosse à dents (on se brosse les dents 3 fois par jour dans ma famille oui oui oui), surligneurs de toutes les couleurs, diverses bagues, dentifrice (ben sinon, ça compte que pour une demie fois le brossage de dents), deux cds, un tupperware (si je ne mangeais pas, j’aurais pas besoin de me brosser les dents) une clé usb et mes clés de maison. Si je faisais poterie, je sais pas où je rangerais mes devoirs ! Un cendrier en glaise, même en miettes, ça prend de la place. Bref. J’ai enfin sorti un stylo et j’ai eu droit à « so you’re not a total looser » par mon voisin Dean le rigolo, ben moi c’est Anne, enchantée…

Je sens que Dean va être un meneur.

Avec tout ça il est 17h35 et pas de prof. Po grave, on a du thé, du café, on papote, c’est pas totalement insurmontable. 17h45 c’est un peu bizarre, quand même, 15 minutes de retard le premier cours sur un cours de deux heures… Ca commence à s’agiter dans les rangs, on se raconte ce qu’on fait dans la vie, et hop, quelqu’un propose que je fasse un cours de français en attendant qu’on arrive. Et ben moi je propose qu’on cherche une autre idée.
A 18h, on a commencé à se douter que c’était peine perdue et la ça a donné lieu à des phrases, hmm, inattendues ? « J’espère au moins qu’il a eu un accident, dis donc ! » Pourquoi ? Si c’est pas le cas, tu vas lui péter la gueule toi-même ? Nan mais ça va pas hé !!

Là-dessus, Dean, le meneur, je l’avais bien senti, a suggéré que chacun se présente à tour de rôle sur le pourquoi du comment on a décidé de s’inscrire au cours, puis il a rempli la feuille de présence (si on assiste à 80% des cours, on a un diplôme…) et pis sur ce, on s’est dit au revoir et à la semaine prochaine. Donc je suis arrivée dans ce cours en sachant seulement dire kia ora, bonjour, et je repars avec le même savoir. A la limite, parfois, après un cours, on en sait moins qu’avant, ben déjà, le prof, il a réussi à dépasser ce stade, sans même venir faire cours. C’est pas mal !!! Mais j’en connais qui feront bien de rougir si jamais le prof arrive avec des béquilles au prochain cours…

lundi 2 juillet 2007

Après Scott, je sais pas pourquoi, ça a dû déclenché un effet de mode, du coup, ça a été à qui trouverait un moyen de me réveiller, ou de rentrer dans ma chambre en pleine nuit, l’un ou l’autre ont l’effet immédiat de transformer le petit renne en sœur cadette de Monsieur Ulk, et un renne framboise qui vire au vert, c’est pas beau. Donc suite à Scott, Jymi a marqué le premier point, un soir de semaine où je m’étais couchée de bonne heure pour cause de cours à 7h du mat’ (oui, y a des gens qui payent pour que je leur fasse cours à 7h du mat' ). A une heure du matin, avec seulement 4h30 de sommeil devant moi, j’ai un peu bloqué sur la musique techno dans le salon, mais avec ma coupe de cheveux à la Ferrari (le casque de Formule 1, pas Lolo) due à l’oreiller et pis mon pyj’ des plus sexy, moyennement tentée par une visite au premier étage pour demander de baisser le son, j’ai envoyé un sms à mon coloc pour dire que si ça continuait, ce serait bien que ça cesse. Ni une ni deux, musique coupée, rassemblement des copains avec qui il écoutait la musique et pouf pouf y partent en ville.

Sauf que sur le chemin de la sortie, pour aller en ville, y a ma chambre. Enfin, juste la porte, et encore, bien rangée le long du mur, hein, elle barre pas le passage, on peut techniquement très facilement sortir de la maison sans passer par ma chambre. Enfin, je croyais. J’ai entendu une cavalcade dans les escaliers, et toc toc toc, tu dors ? Ben si je te réponds oui, alors que je viens de te texter, tu vas te dire à juste titre que je me fous de ta gueule, ce qui n’est pas le cas, donc « non non ». « Désolé pour la musique, hein, mais là on va en ville donc dors bien. Au fait t’es toute seule là ? » (tout ça à travers la porte fermée) Naaaan, t’as pas vu aux infos, on est 200 là, on a organisé une chasse au gnou indoor, c’est hyper rare. « oui, je suis seule, allez, bonne soirée les gars ! » « Mais ouais c’est ça, tu veux faire croire ça à qui ?? » et allez, hop, un Jymi dans l’encadrement de la porte qui vérifie que y a pas quelqu’un avec moi. Eh ben top la classe. Tu faisais ça hier, je pense qu’Alix aurait moyennement aimé, et Alix, dans la vie, il opère des ours et soigne des éléphants, donc les gros bestiaux, y sait s’en occuper.

Le lendemain, j’avais un petit mot d’excuse, tu comprends on avait bu, ouais ben non en fait je comprends pa s, mais on va dire que les excuses sont un bon début. Depuis, c’est rentré dans l’ordre, ça frappe souvent à la porte mais ça rentre pas si je dis pas oui. Donc Lee et Jymi, c’est réglé, il me restait Gareth. Gareth a l’esprit de compétition donc forcément je pouvais m’attendre à ce qu’il relève le défi. Réussi.

Il a déjà un gain de point constant avec une copine à lui qui s’est fait installer au montage une voix de poissonnière (c’est une image, bien sûr, ne vous agacez pas si vous êtes du métier, mais si Iélosubmarine, la femme d’Ordralfabétix, le poissonnier d’Astérix, avait été aphone, ça se saurait). Cette fille peut être dans n’importe quelle pièce de la maison, on ne rate pas un mot de sa conversation. C’est pratique quand la conversation vous intéresse, mais la nuit, en semaine, aucune conversation ne m’intéresse passé minuit. Et quitte à révéler ma face de renne dédaigneux, il se trouve que la conversation de cette fille ne m’a jamais intéressée, en partie parce que son métier étant strip-teaseuse, ses discussions sont boulot et bar, et je n’ai rien à répondre à tout ce qu’elle dit, au-delà du fait que je m’en contrefous.

Elle, depuis qu’elle a rencontré un mec « à moi » qui lui a plu, est toute charmante et collante, mais vraiment, même en creusant profond, à part « ta gueule », je ne trouve rien à dire. Je vous l’accorde, Panzani avait raison, c’est méchant, un renne. (Wow, en écrivant Panzani, je réalise avec surprise que ça fait partie du dictionnaire word) (et maintenant je réalise avec honte que je viens implicitement de reconnaître que j’avais fait une faute à Panzani) Mais gagner dans la régularité a parfois moins d’éclat que gagner le point le plus stupéfiant, donc Gareth a cherché à diversifier ses techniques. Et là, il a eu l’aide de Sveta. Sveta est une Russe que Gareth a rencontré un vendredi soir, et dont la phrase d’accroche est « je ne porte pas de sous-vêtement ». C’est bien, si votre rencontre porte ses fruits, elle s’entendra bien avec la strip-teaseuse.

Donc Gareth, logiquement je pense, a voulu vérifier les propos de Sveta et l’a ramenée à la maison. Je ne sais pas combien de temps il a mis à la décider, mais je peux vous dire qu’ils sont rentrés à la maison quelques minutes avant 4h26 du matin. 4h26 du matin, c’est l’heure à laquelle Sveta a déboulé dans ma chambre, hé les gars arrêtez, ca devient une habitude, là !, parce qu’elle cherchait la salle de bain. Alors, vous êtes jamais venus chez moi, vous connaissez pas la configuration de l’appart, manifestement Sveta non plus mais quand même. Je vais pas vous faire un croquis mais je suis sûre que rien qu’avec des phrases vous allez comprendre pourquoi pour moi, Sveta, en français, ça veut dire la tourte.

Dans notre maison, au rez-de-chaussée, y a 4 pièces. La chambre de Gareth, la mienne, un bureau et la salle de bain. Mise en situation : Sveta est dans la chambre de Gareth. Elle veut aller dans la salle de bain. Donc elle est rusée, elle sort de la chambre. Sveta est bien embêtée, elle ne sait pas où est la salle de bain. Elle arrive dans un couloir. Avec 3 portes. Deux portes sont ouvertes, une est fermée. Et ben dans le doute, la tourte, elle va dans la seule pièce fermée ! Soit, une salle de bain, ça se ferme, mais si je sais pas où aller, dans une maison, au milieu de la nuit, (petit rappel : dans une maison, au milieu de la nuit, il y a des gens qui dorment dans des chambres la porte fermée) je commence à coup sûr par regarder dans les pièces ouvertes. Et Sveta est une tourte avec option avancée, donc après m’avoir réveillée, au lieu de se barrer, vite fait, elle reste plantée là comme … une tourte, j’ai beau chercher, y a que ça qui me vient pour parler d’elle, à me dire sans relâche qu’elle est désolée.
Le lendemain, j’avais bateau, donc j’ai raté un autre beau moment de la tourte. Elle descendait les escaliers, et elle a tourné la tête vers le haut de l’escalier pour dire au revoir aux autres colocs et là, pouf la tourte, elle a raté la marche et fini la descente sur les genoux.

Une semaine plus tard, n’ayant pas eu de nouvelles de Gareth, elle en a conclu qu’il était fou d’elle, et elle s’est tapé les 6kms a pied depuis l’autre bout de la ville, là où elle vit (elle s’est donné la peine d’expliquer à Gareth où est sa maison pour qu’il puisse passer la voir, il ne vient pas et elle revient à la charge, qu’on me dise pas que y a pas du gène de tourte là-dedans) pour venir voir si Gareth était à la maison. Non, il est au travail. « Ah, je peux l’attendre ici ? » Euuuuuuuh non paske je suis toute seule ici, Gareth rentre pas avant 17h, il est 10h, je sens que j’aurai pas la patience. « Ben tu peux me donner son numéro, je vais l’appeler pour dire que je suis passée ». Fais-moi confiance, je vais lui dire moi-même… Si t’as pas son numéro après une nuit ici, pas sûre que ce soit qu’un acte manqué… « ok je peux te laisser mon numéro pour si Gareth veut me revoir. » Oh ben oui, pas de problème, ça je vais transmettre, si y t’appelle pas, imagine pas que c’e st paske j’ai oublié de lui donner. Pour compléter le tableau, aussi, faut dire qu’elle a pas su me dire qui elle venait voir, hein, elle a juste pu me dire que c’était un mec avec des dreadlocks qui habitait ici et qu’elle était la fille qui était rentrer dans ma chambre le weekend d’avant.

Ca m’a presque attendri de voir qu’elle s’était fait 6 bornes pour retrouver un mec dont elle ne sait pas le nom.

Ca c’était y a 3 semaines, depuis on a eu Jules qui a emménagé et qui lui n’a pas encore trouvé le moyen de me réveiller vers les 4h du matin mais faut dire aussi qu’il a les mêmes horaires que moi, quand on se lève à 5h30, généralement à 4h on dort. Et pis en plus, il a pas l’esprit de compétition. Moi ça m’arrange.