lundi 5 mai 2008

Moi aussi et ... une soirée au resto

Ca m’est pas arrivé ce weekend, mais le temps de s’en remettre, et me voilà que j’écris. On se voit po souvent avec mon copain alors on essaye de se faire des ptits luxes quand on peut, par exemple un restau le premier soir du weekend, histoire de pas passer la soirée au supermarché vu que l’un comme l’autre, on nous appelle la Suisse, on se prononce pas, on prend po partie, imaginez la galère pour décider d’un menu complet. « J’mangerais bien un curry… » « ah oui ? je pensais pizza… Mais pourquoi pas un curry… » « ouais ! une pizza, ca me plait mieux » « maintenant que t’as parlé d’un curry, ça me dit bien » « ben du coup je sais pu (comme si que avant, je savais…)… sinon des pâtes carbonara ? » « ça se complique… » Bref, même si les bars ferment à pas d’heure, ça paraît évident qu’on n’en voit pas la couleur si on compose tout nous même (« curry de poulet ou d’agneau ? » Aaaaaaaaaaaah !)

Donc on va au resto. Et ça tombe bien, Josh a emménagé dans LE coin de la ville ou ils ont mis tous les restos. Enfin, je dis ça tombe bien, pour des gens normaux. Pour nous, ça fait que continuer le supplice… Un japonais ? Un italien ? Tiens, mexicain ça changerait…
Bref.

Vendredi y a deux semaines, on a entrepris de choisir un restau sur Parnell Road. Alors on a descendu la rue, remonté la rue, hésité, demandé conseil aux colocataires, etc, pour finir par choisir un ptit italien, NSP, pour Non-solo Pizza (c’est comme ça que c’est écrit, si y a des fautes, chui po responsable). On l’a choisi paske, d’une, on nous avait dit que c’était bien, de deux, y avait une super cour intérieure avec une fontaine, une vigne grimpante et plein de jolies petites tables.

Donc on rentre. Bonsoir, on voudrait prendre un verre et puis ensuite dîner. La serveuse nous fait des yeux ronds que si ça avait pas été Josh qui avait demandé mais moi, je me serais dit que sans m’en rendre compte j’avais du dire une horreur, même si « drink » et « dinner », c’est pas hyper risqué comme vocabulaire.
Du coup, y a concours, on ouvre des yeux encore plus ronds et elle prend la peine de nous dire qu’elle n’est pas qualifiée pour nous donner une table ni un verre. Bah ça doit pas mal limiter ton travail de serveuse, j’espère que tu t’ennuies po.

Elle va demander à une personne plus qualifiée si on peut boire et pis après manger, il fait signe que oui, donc pas farouches, on s’approche. « On voudrait prendre un verre et ensuite dîner » « Je peux vous servir un verre mais pour dîner, je suis pas qualifié ». On progresse mais je sens que ça va être une soirée sympa. « Mais je me renseigne ». Ben merci. « ok, alors le verre pas de problème, mais pour dîner, y a une demi-heure, on a pu de table libre » « et on peut pas avoir une des tables vides dehors ? » « ah non, on sert pas dehors, ça ferait trop de travail ». « bon… ben on va prendre un verre et vous nous faites signe quand il y a une table ? » « entendu, je vous mets sur la liste ».
On a eu notre verre sans problème, on s’est assis dehors mais bien en face du bar, histoire qu’ils aient moins de chance de nous oublier. On a eu le temps de boire notre verre, se raconter nos ptites histoires, reprendre un verre que la serveuse a réussi à pas nous amener le bon « c’est fou, je me trompe toujours » tu me crois si tu veux mais chui pas surprise, et toujours pas de table.
« Excusez-nous, on avait demandé une table, y a presque une heure… » « oh ben on vous avait oublié » « eh ben ça doit être que tout va bien alors… » « tiens, il y en a une qui vient de se libérer, je suis pas qualifié pour vous la donner mais je vais chercher quelqu’un ». J’aimerais bien savoir en quoi ils sont qualifiés, tous ces serveurs pas qualifiés pour vous mener jusqu’à votre table…
Bon, ça a pris du temps, mais on y est. Et l’avantage, c’est qu’on a bien faim, maintenant.

« Vous voulez un verre d’eau ? » Oui. « Plate ou gazeuse » Ouh ça sent le verre d’eau qui vient d’une bouteille d’eau que je vais payer 10 euros. De l’eau plate du robinet, même, s’il vous plaît. « Ok ». Et puis rien. 5 minutes plus tard, une autre personne, a priori elle aussi qualifiée pour l’eau. « Vous voulez de l’eau ? » De l’eau du robinet ce sera très bien. « Plate ou gazeuse ? » Du robinet, débrouille-toi avec ça, tu as tous les indices. Et redépart en flèche. Et sinon, les menus ? Vient un serveur roux, avec deux clients roux j’imagine que c’est de mise, « mais on ne vous a même pas donné d’eau ? » nan… de l’eau du robinet ? pis des menus ? Hein, dis, steplé ! toi aussi tu es roux, tu sais que la vie est dure.

A y est, on a les menus, les verres d’eau, ça va mieux. Boh, en vrai de vrai, mis à part qu’on trouvait que c’est un peu moyen, tous ces gens pas qualifiés dans le même resto, on avait suffisamment de choses a se raconter pour pas avoir la soirée gâchée, mais alors sinon, je vous le recommande comme premier rencard, ce resto, si vous survivez à ça, c’est en bonne voie.

On a même réussi à commander, auprès de la première serveuse des verres d’eau, qui a d’abord été très étonnée qu’on ait déjà des menus et qui en plus, arrivait avec une bouteille d’eau plate. Ah mais dis donc eh ! ça va les entubages ! Perso, j’ai un peu peur qu’ils aient craché dans nos plats, non qu’ils en ait eu quelques signes que ce soit, mais juste, je sais pas, l’ambiance générale qui s’y prête. Et ptêt que ça, vous êtes qualifiés pour ?

Enfin bon, la serveuse a été suffisamment vexée avec sa bouteille d’eau pour pu venir nous voir du tout après, ce qui, de notre point de vue, a probablement été sa meilleure initiative.
Manifestement, pour apporter l’addition, personne est qualifié, pour avoir un autre verre de vin, faut le demander dès le début du repas, même si y vous en reste de celui que vous avez bataillé pour avoir au bar, paske après, on y revient pu, t’as dit non, c’est tout.

On s’est autoqualifiés capables d’aller nous-mêmes à la caisse pour payer, s’enfuir et ne pu revenir, et là, la dernière surprise, c’est qu’ils font pas les additions. Vous êtes 22, personne se dévoue pour tout payer ? Chacun paye sa part ? Eh ben alors chacun fait son total, voilà du papier, une calculatrice, pendant ce temps-là, le patron attend. En fait, si ça se trouve, pour nous ça a mis des plombes juste pasqu’on avait pas compris que c’était un self-service. Devait y avoir du monde en cuisine.