lundi 5 mai 2008

Moi aussi et ... une soirée au resto

Ca m’est pas arrivé ce weekend, mais le temps de s’en remettre, et me voilà que j’écris. On se voit po souvent avec mon copain alors on essaye de se faire des ptits luxes quand on peut, par exemple un restau le premier soir du weekend, histoire de pas passer la soirée au supermarché vu que l’un comme l’autre, on nous appelle la Suisse, on se prononce pas, on prend po partie, imaginez la galère pour décider d’un menu complet. « J’mangerais bien un curry… » « ah oui ? je pensais pizza… Mais pourquoi pas un curry… » « ouais ! une pizza, ca me plait mieux » « maintenant que t’as parlé d’un curry, ça me dit bien » « ben du coup je sais pu (comme si que avant, je savais…)… sinon des pâtes carbonara ? » « ça se complique… » Bref, même si les bars ferment à pas d’heure, ça paraît évident qu’on n’en voit pas la couleur si on compose tout nous même (« curry de poulet ou d’agneau ? » Aaaaaaaaaaaah !)

Donc on va au resto. Et ça tombe bien, Josh a emménagé dans LE coin de la ville ou ils ont mis tous les restos. Enfin, je dis ça tombe bien, pour des gens normaux. Pour nous, ça fait que continuer le supplice… Un japonais ? Un italien ? Tiens, mexicain ça changerait…
Bref.

Vendredi y a deux semaines, on a entrepris de choisir un restau sur Parnell Road. Alors on a descendu la rue, remonté la rue, hésité, demandé conseil aux colocataires, etc, pour finir par choisir un ptit italien, NSP, pour Non-solo Pizza (c’est comme ça que c’est écrit, si y a des fautes, chui po responsable). On l’a choisi paske, d’une, on nous avait dit que c’était bien, de deux, y avait une super cour intérieure avec une fontaine, une vigne grimpante et plein de jolies petites tables.

Donc on rentre. Bonsoir, on voudrait prendre un verre et puis ensuite dîner. La serveuse nous fait des yeux ronds que si ça avait pas été Josh qui avait demandé mais moi, je me serais dit que sans m’en rendre compte j’avais du dire une horreur, même si « drink » et « dinner », c’est pas hyper risqué comme vocabulaire.
Du coup, y a concours, on ouvre des yeux encore plus ronds et elle prend la peine de nous dire qu’elle n’est pas qualifiée pour nous donner une table ni un verre. Bah ça doit pas mal limiter ton travail de serveuse, j’espère que tu t’ennuies po.

Elle va demander à une personne plus qualifiée si on peut boire et pis après manger, il fait signe que oui, donc pas farouches, on s’approche. « On voudrait prendre un verre et ensuite dîner » « Je peux vous servir un verre mais pour dîner, je suis pas qualifié ». On progresse mais je sens que ça va être une soirée sympa. « Mais je me renseigne ». Ben merci. « ok, alors le verre pas de problème, mais pour dîner, y a une demi-heure, on a pu de table libre » « et on peut pas avoir une des tables vides dehors ? » « ah non, on sert pas dehors, ça ferait trop de travail ». « bon… ben on va prendre un verre et vous nous faites signe quand il y a une table ? » « entendu, je vous mets sur la liste ».
On a eu notre verre sans problème, on s’est assis dehors mais bien en face du bar, histoire qu’ils aient moins de chance de nous oublier. On a eu le temps de boire notre verre, se raconter nos ptites histoires, reprendre un verre que la serveuse a réussi à pas nous amener le bon « c’est fou, je me trompe toujours » tu me crois si tu veux mais chui pas surprise, et toujours pas de table.
« Excusez-nous, on avait demandé une table, y a presque une heure… » « oh ben on vous avait oublié » « eh ben ça doit être que tout va bien alors… » « tiens, il y en a une qui vient de se libérer, je suis pas qualifié pour vous la donner mais je vais chercher quelqu’un ». J’aimerais bien savoir en quoi ils sont qualifiés, tous ces serveurs pas qualifiés pour vous mener jusqu’à votre table…
Bon, ça a pris du temps, mais on y est. Et l’avantage, c’est qu’on a bien faim, maintenant.

« Vous voulez un verre d’eau ? » Oui. « Plate ou gazeuse » Ouh ça sent le verre d’eau qui vient d’une bouteille d’eau que je vais payer 10 euros. De l’eau plate du robinet, même, s’il vous plaît. « Ok ». Et puis rien. 5 minutes plus tard, une autre personne, a priori elle aussi qualifiée pour l’eau. « Vous voulez de l’eau ? » De l’eau du robinet ce sera très bien. « Plate ou gazeuse ? » Du robinet, débrouille-toi avec ça, tu as tous les indices. Et redépart en flèche. Et sinon, les menus ? Vient un serveur roux, avec deux clients roux j’imagine que c’est de mise, « mais on ne vous a même pas donné d’eau ? » nan… de l’eau du robinet ? pis des menus ? Hein, dis, steplé ! toi aussi tu es roux, tu sais que la vie est dure.

A y est, on a les menus, les verres d’eau, ça va mieux. Boh, en vrai de vrai, mis à part qu’on trouvait que c’est un peu moyen, tous ces gens pas qualifiés dans le même resto, on avait suffisamment de choses a se raconter pour pas avoir la soirée gâchée, mais alors sinon, je vous le recommande comme premier rencard, ce resto, si vous survivez à ça, c’est en bonne voie.

On a même réussi à commander, auprès de la première serveuse des verres d’eau, qui a d’abord été très étonnée qu’on ait déjà des menus et qui en plus, arrivait avec une bouteille d’eau plate. Ah mais dis donc eh ! ça va les entubages ! Perso, j’ai un peu peur qu’ils aient craché dans nos plats, non qu’ils en ait eu quelques signes que ce soit, mais juste, je sais pas, l’ambiance générale qui s’y prête. Et ptêt que ça, vous êtes qualifiés pour ?

Enfin bon, la serveuse a été suffisamment vexée avec sa bouteille d’eau pour pu venir nous voir du tout après, ce qui, de notre point de vue, a probablement été sa meilleure initiative.
Manifestement, pour apporter l’addition, personne est qualifié, pour avoir un autre verre de vin, faut le demander dès le début du repas, même si y vous en reste de celui que vous avez bataillé pour avoir au bar, paske après, on y revient pu, t’as dit non, c’est tout.

On s’est autoqualifiés capables d’aller nous-mêmes à la caisse pour payer, s’enfuir et ne pu revenir, et là, la dernière surprise, c’est qu’ils font pas les additions. Vous êtes 22, personne se dévoue pour tout payer ? Chacun paye sa part ? Eh ben alors chacun fait son total, voilà du papier, une calculatrice, pendant ce temps-là, le patron attend. En fait, si ça se trouve, pour nous ça a mis des plombes juste pasqu’on avait pas compris que c’était un self-service. Devait y avoir du monde en cuisine.

vendredi 11 avril 2008

Moi aussi et 100 km à pied.


Aaaaaaaaaaaaaa y eeeeeeeeeeeeeeeeest !! Marcher 100 km à pied d’affilée en un weekend, ça, c’est fait ! Bah ouais je sens les sceptiques qui se disent « et alors ? qui qui voudrait faire ça d’abord ? » et sachez que je vous comprends. Je saisis tout à fait pourquoi on ne voit pas l’intérêt de s’auto-infliger un truc pareil, comme ça, pour le fun. Mais, après presque 3 ans de vie chez les Kiwis, c’est le genre d’engagement qu’on prend.
Donc moi c’était ce weekend. Comme 256 autres équipes de 4 personnes. Mon équipe de marche, c’est Elise, Agathe, Isa et donc ma ptite gueule de moi.

A Taupo, à 5h de route de Wellington, les 5 et 6 avril, y avait un troupeau de 1024 petits marcheurs bien chaussés confortables (pour ceux qui n’ont pas suivi les derniers posts, confortable = moche) les yeux tout plissés par le réveil nocturne (4h30 du mat’, ça dépasse le matinal, c’est nocturne), sur la ligne de départ d’un joyeux circuit de 100 bornes. Qu’on nous avait dit. Je reviendrai là-dessus dans pas tard.

Donc après les cours, le vendredi après-midi, hop on prend son sac de voyage, ses chaussures de rando préférées, ses ptits bâtons de marche et c’est parti, en route dans la K2000 de Chris.
Mes ptits bâtons de marche, je précise, sont extensibles. Je dis ça, juste pour éviter, par la suite les questions « naïves » (= les questions cons, faut pas se mentir) que j’ai eu peu de temps avant le départ : « Mais Anne, ils sont très petits, vos bâtons, ils tiennent dans votre sac … » « … oui… c’est à dire… c’est que c’est rétractable, ces petites choses, sinon j’aurais pas pris la bonne taille… ça ferait très très petit… ». Les silences c’est pour essayer de garder une contenance, les gens s’intéressent, c’est gentil, je peux pas avoir l’air moqueur. Oui mais alors faut pas me chercher non plus.
Donc je disais, la K2000.

Chris, il est top, c’est un étudiant d’Elise, une des marcheuses, qui s’est dévoué comme 9 autres personnes pour être dans notre équipe de soutien. Et sa voiture, elle est top aussi. On l’arrête, on enlève la clef, et elle tourne encore. J’imagine que c’est qu’elle ronronne de plaisir de vous avoir déposé au lieu voulu en un temps record, on a mis 4h20 à faire un trajet que les autres ont mis 6h a parcourir, c’est pour ça que j’ai tranché à 5h mais K2000 elle est forte. Pour ceux qui se demandent, Chris ne vomit pas ses hamburgers ivre mort dans ses toilettes en étant filmé par sa fille, comme le vrai David H. Et n’a pas un brushing avec les cheveux numérotés. Il a peut-être un short rouge, par contre.
K2000, aussi, elle sait reconnaître toutes les chansons de l’iPod de Chris. L’écran de son auto-radio, y te donne les titres et l’interprète, que déjà j’avais pas de doute mais ça m’a bien confirmé que les 10 premières chansons c’était Alizée. Rendez-vous compte. Je pars, bien décidée, en 2005, A L’AUTRE BOUT DU MONDE, je fuis toutes les Alizée, les Nolwen Leroy et autres Patrick Fiori et pan, je monte dans une voiture en toute innocence, et là première chose que j’entends, c’est « c’est juste un compromis, un peu comme de l’eau de pluie, qui devient l’océan… » V’là le mal de crâne ! Comme elle le dit peu de temps après, « j’aime pas quand ça dure », je partage cette opinion au moins momentanément et quant au « j’ai pas 20 ans » répété jusqu'à pu soif, crois moi, je fais partie de ceux et celles qui pourraient, occasionnellement, souhaiter que ça ne t’arrive jamais. Oui c’est mal, mais Alizée en otage dans une voiture, c’est dur !
Alors après ça, c’était la porte ouverte à toutes les fenêtres, on a eu K-Maro « chai pas qu’est-ce qui s’passe… je veux une femme like you » tout ça. On a eu Emma Daumas. Lara Fabian. Là, quand même , respect à K2000, elle a buggé, à chaque fois que c’était Lara Fabian, K2000 s’emballait et nous disait que c’était Johnny, Patricia Kass ou Aznavour. Je la blâmerais pas, quand la douleur être forte c’est dur de se rappeler du nom de tout le monde. Et pis au milieu de tout ça, on a eu Nicole Martin « la première nuit d’amour ». Grand moment. Je cite Wikipedia (paske croyez-moi, un trajet en voiture de ce niveau là, ça incite à se renseigner sur tous ces artistes méconnus) « Nicole Martin est sans contredit une des artistes les plus populaires de la chanson québécoise. Elle est d'abord et avant tout une interprète hors pair, mais il lui arrive aussi parfois de se transformer en auteure, compositrice et animatrice, de même que réalisatrice et productrice, pour elle-même ainsi que pour d'autres artistes. » Magggnifique.

Dans ces cas là, je vous jure, vous êtes encore plus contents que K2000 fasse des records de vitesse. 1h40 de plus comme ça, je sais pas comment ça se serait fini.

Une fois sur place, on est allés s’inscrire. C’est à dire, valider notre inscription, prendre nos ptits t-shirts de l’événement, écouter les consignes de sécurité, et signer sur le poster géant de toutes les équipes réunies. Puis on s’est gavés de lasagnes, pour prendre des forces. Et pis tout à coup il a été 23h, on doit se lever à 4h30, pour marcher 100 bornes, bon ben va falloir aller se coucher alors. Sauf que perso, j’attends mon mec qui vient de l’autre coté du pays, donc alleeeeeeeeeez, minuit c’est bien aussi. Plus facile pour compter combien d’heures y reste à dormir. Dormir. Dormir. Allez heu !! Nan ça marche po. Cette nuit-là, j’ai donc dormi de 1h à 1h30 et de 2h30 à 4h15. on va dire que c’est de l’entrainement de dernière minute pour réussir à pas dormir pendant 36h, en incluant les 100km. C’est juste un peu ballot de faire ça dans les heures qui précèdent tout juste l’événement.

Donc les cheveux en doublevé et l’haleine de dragon en pH acide, n’approchez pas ça pique, on essaye tant bien que mal à 4h30 de prendre un petit déjeuner, de réveiller mon équipe de soutien perso, mon copain, qui décolle pas du matelas, mettre le troupeau de 14 (4 marcheuses et les 10 membres de l’équipe de soutien) dans les voitures et arriver à la ligne de départ avant le top chrono.
Réussi.
Je dois dire que là, c’est assez impressionnant, toutes ces personnes rassemblées à pas d’heure du matin pour se lancer dans un challenge de malade (si si si marcher 100km en moins de 36h d’affilée, c’est un peu un truc de malade) accompagnées de leur gentille équipe de soutien, en mouvement de solidarité pour les ptites nenfants de la pauvreté.

Troooooooois, deeeeeeeeeeeeeeeeuux, uuuuuuuuuuuuuuuuuun, zérooooooooooooooooo ! Autant vous le dire, on est pas partis en courant au premier top ! Y avait deux départs, un à 6h, nous et un à 7h, les fadas, ceux qui avaient prévu de faire le trajet en moins de 20h, mais quand même, 500 personnes sur la même ligne de départ et qui suivent en marchant des rues et des chemins de randonnée, ça peut bouchonner dans les virages.
Plus ceux qui bloquent pask’ils veulent rester devant. Y a un mossieu, je vais pas être grossière, je vais juste dire que c’était un mossieu, il avait laissé passer mon équipe devant lui et dépité, il a barré le chemin pour la suite, moi incluse, et quand j’ai dit « excusez-moi de vous demander pardon mais je y a mon équipe devant vous, je voudrais la rejoindre », j’ai eu « et alors ? y en a plein d’autres, des équipes ! ». Ouuuui, certes bien je vois, mais comment dire, dans équipe, y a un peu l’idée que c’est formé un peu à l’avance genre on s’organise, alors si ça te gêne pas pov’con, je vais rester groupier avec mon équipe de moi et si tu dégages pas tout seul, faudra pas aller pleurer si je te jarte dans le fossé. Manifestement mon regard agacé de 6h20 du matin peut marcher pour ouvrir les foules. Moïse n’a qu’à bien se tenir.

La première étape du circuit fait 15,1km et ne compte pas. C’est l’échauffement. Là où on fait les réglage de matos, on prend la température. Et où on se fait doubler par ceux qui ont décidé de faire la marche en courant. Les malades. C’est une M-A-R-C-H-E nom d’un ptit bonhomme en sucre.
Bah pas grand chose à en dire, de celle là, les paysages étaient très très beaux, le lever de soleil zaussi, mais ça sert pas à grand chose de vous le dire, j’ai pas les photos. L’étape s’est finie par un vilain faux-plat, mais j’ai l’impression que c’est pas le dernier, donc on passe. La motivation c’est le petit-déjeuner au riz-au-lait que notre équipe de soutien nous mijote à la ligne d’arrivée. Miam. Au passage de la ligne d’arrivée, comme on est « Voilà les Frenchies » http://www.oxfam.org.nz/events/teams.asp?a=show_team_pages&eventid=15&teamid=3027, faut bien qu’on entretienne la réputation de chaudières des filles françaises, et Isa a décidé d’embrasser le commentateur à l’arrivée. Ca nous a valu d’être citées sur le site.

Donc 15,1km parcourus, pu que 84,9. Les doigts dans le nez.
On va se faire les 12,9km qui viennent, déjà. Qui commencent par une vilaine montée qu’on l’a traitée de tous les noms et que je suis contente de pas fumer paske je vois po comment j’aurais pu être plus essouflée que ça… Et forcément, les marcheurs avec des poumons made in Amazonie te grillent les uns après les autres en te demandant « ça va ? ça continue ? » Ben connard, si je te réponds, je m’évanouis, alors contente toi de marcher vite et loin. Oui, si y a des doutes, j’aime pas les montées.

Après, le reste de l’étape c’est du pipi de chaton. Elise commence à avoir des ampoules et je tiens à rendre hommage ici et très régulièrement à Elise, son courage et ses pieds. Après 3 étapes, elle avait plus de surface de pansements que de surface de peau de pied, elle a tenu jusqu’à la fin en étant blanche jaune de douleur, a pas vu grand monde dans ma vie de ptit renne s’accrocher à ce point.

Arrivées au point de contrôle 2 (entre chaque étape, on a un point de contrôle où retrouver notre équipe de soutien favorite pour des massages, un bon ptit plat, des fringues sèches, et des bisous de soutien paske même si on sourit encore, c’est dur), arrivées là, donc, on refait le plein, après 28km, on change les chaussettes, un tit coup de crème solaire, on pose ses fesses mais pas trop longtemps sinon on va revenir à la raison et pas vouloir repartir, on regarde le trajet de la prochaine étape et c’est ti-par. Allez, 11,1km.

L’étape commence par un franchissement de clôture. Ça c’est un des moments préférés des marcheurs, le franchissement de clôture. Imaginez, vous avez marché 28km, avec des gros godillots, un tit peu des jambes qui commencent à être alourdies, et là, tout à coup, vous devez lever les pattes (une à une sinon c’est un tit peu dangereux, comprenne qui pourra) pour enjamber une clôture d’à peu près 90cm de haut. Plus, si vous avez de la chance et j’ai halluciné en voyant ça, des fils barbelés ! Eh ben comme ça je sais pour l’année prochaine, emmener ma côte de maille pour le franchissement de clôture.
On était prévenues, ça commence par une montée interminab’. Autant, pour la suite, j’aurais des récriminations, autant ça c’est vrai. Mais c’est faisable, c’est de la montée régulière, pas un truc de fou, j’irais même jusqu’à dire que j’aime bien. Et puis là, un ptit signe, au feutre, avec une grosse écriture ronde qui nous donne des relans de CM2 : « Attention, les prochains 600 mètres sont en terrain irrégulier un peu dangereux ». Quand un Kiwi reconnaît noir sur blanc un danger, c’est po bon signe. Alors allez savoir pourquoi, je me suis retrouvée en tête de file. Z’avez raison, envoyez donc la myope en éclaireur, ça va aider. Verdict : certes j’ai payé mes lentilles la peau de mes fesses mais y zont pas lésiné sur la qualité. Je vois bien les reliefs, les dénivelés et les arbres et croyez-moi il en a pas toujours été de même.
Je me suis même retrouvée, moi, à faire du guidage pour des ptites madames qui arrivaient pas trop trop à s’en sortir, pas forcément par excès de gentillesse de ma part, juste paske mes copines les Frenchies étaient coincées derrière et seules deux solutions s’offraient à moi : aider la madame à avancer pour que mes keupines avancent derrière ou dégommer la dame. Y avait des témoins gênants, j’ai préféré aider la dame.
Bon, on marchait, on marchait, ça commence à faire long ces 11,1 km surtout qu’ils nous mettent gentiment un signe à 2km de la fin d’une étape et un à 1km. Et là rien. C’est bizarre, si on se réfère au temps écoulé et au temps prévu, on devrait quasi être arrivés. Et là, sorti de nulle part, un ptit bout de gamin qui nage dans son t-shirt de membre du personnel, qui déboule et me sort « y reste encore 5km ». Okkkk, vas-y, répète un peu pour voir ? Le règlement dit quelque chose au sujet du jet de bâton sur enfant esseulé ? Nan paske je me suis retenue pour l’autre madame là, mais faut pas pousser mémé, non plus. Ah…. La grosse dame musclée derrière toi est ta mère ? Bon alors on va s’arrêter et discuter, d’accord. « vous voulez dire qu’on a marché que 6km après tout ce temps ??? » « nan, vous avez marché 10km, mais y vous en reste 5 ». Faut qu’on me refasse la théorie de la relativité des kms en randonnée, j’ai du dormir quand le prof de physique a fait le cours paske j’ai beau retourné le problème, 11,1 – 10 = 5, y a pas d’inconnue et pourtant j’arrive pas à résoudre l’équation. « Mais si, c’est simple, l’étape elle fait pas 11,1, elle fait plus » « mais dans le guide c’est écrit que ça fait 11,1… » « eh ben y faut pas croire le guide ». Ah ben pardon alors oui on s’excuse. Vous nous lachez dans la nature pour 100km de jour comme de nuit, faudrait être sacrément naïf pour penser que le guide que vous nous distribuez est cohérent. Et ça veut dire que y aura une étape avec 5km de moins hein ? Sais pas…
Ok bon alors les filles on sert les dents et on y va, c’est pas exactement comme si on avait le choix.
Perso, ça m’a plutôt boostée, agacée par l’énervement, j’ai voulu en finir pour en avoir le cœur net. Ma copine Elise, elle, elle a changé tous ses pansements et a fait de son mieux pour repartir de bon cœur, mais ça pique quand même.

A l’arrivée, un mec nous informe qu’on vient de parcourir 41,7km. Je sens que Oxfam sponsorise pas des cours de math, ca commence à être assez embrouillé. On avait fait 28km, on partait pour 11,1, a priori on a fait 15, 15 plus 28 = 41,7 ? Boh… quelques étapes plus tard avec la fatigue je pourrais te croire mais là non. Ok on se décourage pas, on va au stand d’enregistrement, on a toutes not’petit code barre pour montrer qu’on est bien arrivées et on nous scanne comme au supermarché. Et là, une dame toute souriante nous dit : « Bravo, vous venez de parcourir 37,1km, c’est super ! » Mais pas du tout, t’es malade toi !!! D’où tu me dis que maintenant on a fait la distance normale ???? Oh putain je vais m’agacer. Et comme je suis déjà agacée, c’est pas bien parti… Plutôt que de pourrir une dame que je connais pas alors que, en toute honnêteté, je suis sûrement un petit peu fatiguée, ça fait 10h qu’on est parties, je préfère aller grogner auprès de l’équipe de soutien pour que l’un d’eux se dévoue pour mener l’enquête. Pendant ce temps, je me fais masser par Josh, porter un sac à dos pendant 10h n’est pas fait pour mon dos de princesse. Clak-clak-clak. Je savais bien que y avait un truc de coincé. Alors après enquête d’Ann, la canadienne, ça va mieux. Enfin si on veut : on a marché en fait 3km de plus que prévu, bon, c’est déjà ça, MAIS aucune étape ne sera raccourcie, la marche fait maintenant 103km. Alors qui qui veut me traite de chougnasse mais vraiment, 100km, perso je trouve que c’est assez, je me passe aisément de 3 bornes de plus.

Pas le choix ? Bon ok. L’étape suivante, Chris, le proprio de K2000 la fait avec nous. C’est la plus longue, la nuit va tomber, on a le droit à du soutien, on prend. Je dois dire que, mise à part l’agacement, je me sens pas encore plus dévastée que ça après ces 41,7km. J’ai de la chance comparé à mes keupines, mes chaussures c’est du velours, a pas d’ampoules. Faut dire, Elise les a toutes raflées, Agathe a fini les restes, donc rien pour moi.
Cette étape fait 19,4km. Pas de blague, je vais pas m’en faire 22,4. Non non non. Rien de trop particulier pour cette section, pas que je me souvienne en tout cas, au km avant l’arrivée le staff nous a distribué des bonbons et une fois au point de contrôle, un couscous de poulet nous attendait. Et des fringues sèches. Paske autant Josh m’a bichonnée, autant il a pas pu retenir un « aaaaah c’est dégueulasse, ton t-shirt est tout collant ». Bah voui ben vous avez froid mais 61,1km à pied, ça peut faire transpirer. Alors par respect pour les mains de mon masseur préféré, je me change et hop, massage. Bon j’admets, pas bouger, ça pèle son fion. Ouh là là. Les photos que vous voyez pas en témoignent pourtant, je suis enroulée dans ma couverture polaire, par dessus un très seyant ensemble damart t-shirt manches longues pantalon version kiwi, un pull, un pantalon et une pile de t-shirts.
Là, les gens en général commencent à fatiguer, moi y compris, rien de grave, je m’amuse encore mais je me sens un peu comme en fin de soirée. Il est que 23h mais c’est un peu 4h du mat’ dans mon corps. Alors je vous dis pas comment je me sentais à 4h du mat. J’ai quand même trouvé une équipe qui cherchait leur 4eme marcheur près des toilettes portables, parce que, je cite, « il est allé aux toilettes y a 30 min, depuis on le trouve pu, on a peur qu’il ait fait un malaise dans la cabine ». Argh. Rien que l’idée de s’évanouir dans des toilettes portables, ça me redonne un coup de fouet pour éviter ça.

Cette fois-ci, Mathieu nous accompagne. Deux dans l’équipe commencent à pu trouver ça drôle du tout, on sera pas plus mal avec un peu de soutien et Mathieu a de l’énergie à revendre ou y fait bien semblant, y passe son temps à faire des allées et venues entre les deux sous-groupes de deux, donc grosso modo il fait le double de trajet, mais même pas mal, y garde le sourire.

Dans cette étape, on a croisé un taré. Le mec, Grant, a marché avec nous quelques dizaines de mètres et a eu le temps de nous expliquer qu’il avait démarré en courant à 6h du mat avec son équipe, qu’un des mecs s’était blessé (tu m’étonnes, niveau terrain c’est du régal pour le mountain bike, alors imaginez pour les chevilles de coureurs miam) alors Grant et un autre avaient fini en courant « pour le fun » puis avaient rejoint leur pote à un point de contrôle et maintenant re-finissaient le circuit en marchant avec lui. Au minimum le Grant, y s’est fait 140km dont 100 en courant. Tous les jours au ptit déj, je dis.

A part ça, perso, pas trop à raconter. C’est la nuit, on marche « que » 7km, on voit rien, chui pas encore morte de fatigue, donc ouais, dur de développer et pas de délire de manque de sommeil pour enjoliver l’étape. Ma cheville gauche commence à complètement brûler, comme ça d’un coup d’un seul, mais je peux pas me plaindre c’est rien par rapport à mon équipe.

A l’arrivée de cette étape, personnellement, je soutenais et je soutiens qu’on aurait du croire le guide qui disait « à cette étape, il est grand temps de faire une pause ». Mais l’équipe a décidé que non, la prochaine étape ne faisait que 7km également, on va pas perdre de temps ici. 3 contre 1, ok, on repart. Le fait que toutes les quatre, on commence à refuser toute nourriture aurait du nous alerter comme quoi ça commençait à flancher. Pas bon, le refus d’énergie.

Moi ça s’est traduit avec une envie de vomir de plus en plus fréquente. Sans concrétisation. Agathe aussi. Elise et Isa, je crois que les nausées étaient pas le premier de leurs soucis, mais ça a pas aidé. Ce qui m’a entamé aussi, c’est la fatigue de se concentrer en permanence sur le rond de lumière de 50cm de diamètre de ma lampe frontale. 10h de marche dans ces conditions sans sommeil après déjà 12 de marche de jour, dur. On a mis 2h20 à faire ces 7km, on les a finis gelées, fatiguées et un tit peu en baisse de moral. En affichant chacune des signes différents de fatigue. Le mien, et dieu sait si c’est exceptionnel, ça a été le refus constant de manger. J’ai fini par manger un truc quand Isi, notre docteur en chef, m’a dit « désolé mais c’est pas possible de te donner un nurofen si tu manges pas ». Faut donner les bonnes motivations aux bons moments. Pendant ce temps là, ma copine Agathe, classe, vomissait dans sa tasse. Ca peut paraître crade MAIS quand on est un groupe de 10 dans le noir, fatigués, à faire des pauses en chaussettes tous les uns serrés contre les autres, le fait de vomir dans sa tasse est plutôt bien vu. J’avais pas faim et je suis pas sûre que marcher dans du vomi aurait aidé. Elise et Isa se concentraient sur leurs douleurs, je peux pas tellement en dire plus que ça, je crois que j’ai jamais vécu un stade de douleur comme elles ont eu, donc chut.

Pendant ce temps-là, mon mec dormait. A 30cm de la tasse de vomi. Une seule personne pouvait dormir dans des conditions pareilles et j’aurais parié sur le bon cheval.

Prochaine étape : 14,8 km. Avec Mathieu, qui décidément était parti pour 7km et en sera donc à 28,8 plus tous ses allers et retours à la fin de cette étape. Et Greg, tout frais. Y seront pas trop de deux paske là, y reste pu de Frenchies toutes fraiches, on fait peine à voir. Un peu comme si on avait marché 75km sans dormir, tiens.

Alors cette étape, je la maudis. Du n’importe quoi taille XXL. Ils ont dit « cette étape est pas trop dure, ça monte un peu pis après c’est fini, le plus dur est fait. » Mon c*l, oui !! Ca a fait que monter pendant la moitié, avec des mini-descentes qui voulaient juste dire qu’on allait en chier encore plus en montant. Avant le lever du jour, on a croisé un membre du staff qui nous a dit « A partir de maintenant ça fait que descendre ». Ah oui ? et cette grosse colline la, sur la carte c’est pour de rire ? « ah non non c’est vrai, ça va monter sec, mais je préfère dire que ça descend, c’est plus cool à entendre ». Alors, comme dirait Jackie Quartz, Juste une mise au point (www.youtube.com/watch?v=wQTmLBuGR8k), mossieu, on va arrêter d’être cool et on va être efficace. Il est 6h du mat, on a pas dormi depuis 26h, on a marché 80km, tu nous excuses de pas être cool, hein.

Ensuite on a croisé une ambulance qui, 1) a absolument ravagé les pieds, ce qu’il en restait, d’Elise, et 2) nous a également raconté des conneries, sur la distance qu’il restait à parcourir. Rebelote pour le « à partir de là c’est tout plat », rehaussé d’un « vous avez fait beaucoup plus que la moitié, vous êtes presque arrivés ». Preuve est faite qu’il y a pas besoin de marcher 80km ou de pas dormir pour être en plein délire.

Là, je me suis un peu désolidarisée des trois copines, c’est pas bien, mais pas le choix, il a fallu que je marche plus vite pour tenir le coup, et on est partis devant avec Mathieu. Une enfilade de côtes, de longues lignes droites, et puis, surtout, pas le moindre signe des deux panneaux « y vous reste 2km » et encore moins le « 1km ». On a passé un cimetière de caravanes brûlées peuplées d’une petite famille de cochons sauvages, des kms de champs déprimants, et pas de signe. Une clôture électrifiée, aussi, tant qu’à faire, quitte à en chier, autant nous achever. Sans Mathieu, chui pas sûre que j’aurais fini les yeux secs et que j’aurais pas tapé le staff qui, tout sourire, nous a annoncé à la fin de cette interminable étape : « 400m et c’est fini ». Mais si vous arrivez à compter jusqu’à 400m, pourquoi vous avez pas poussé jusqu’à 5 fois 400 (je n’ai pas qu’un physique, ça fait deux km) et coller nos ptites pancartes salvatrices ???
Je n’aurais jamais la réponse mais pendant que je vidais mon fiel auprès de mon équipe de soutien, caméra au poing, eux m’ont répondu qu’ils n’avaient pas osé nous texter mais que peu après notre départ, ils avaient entendu les organisateurs dire que c’était une des pires étapes de la marche mais qu’ils nous le disaient pas pour pas nous décourager. Ben merci les organisateurs, ça fera sûrement plaisir à la fille qui s’est évanouie en chemin et que deux mecs sont en train de porter jusqu’à l’arrivée de le savoir. Bien joué.
A na prévu d’écrire un mail qui explique mon tout petit énervement aux organisateurs mais je vais attendre d’être un peu plus détendue…

A ce point de contrôle, je me suis fait masser tout ce que j’ai pu, j’ai réussi à manger quasi normalement, changement complet de fringues, mini décrassage et c’est reparti. Dernière étape, 13,5km.
On en a pas vu grand chose, même si on a mis 3h30 à la faire, il est donc possible de conclure qu’après 89,5 km, le paysage ne compte pu des masses. En plus toute l’étape était en plein soleil, ça aide pas à se concentrer. Là aussi, sur la fin, je me suis désolidarisée, pas pu rester collée au groupe, je pensais qu’à deux choses : contrôler mon envie de vomir ET finir.
Et finir, j’ai bien pu y penser paske sur les 13,5km de l’étape, 7km longeaient l’immense lac de Taupo, et donc en quelque sorte on voyait la ligne d’arrivée tout du long. Un truc qui peut rendre fou un petit renne. Mathieu en a un peu fait les frais et Josh, prenant le relais de Mathieu, a fait semblant de rien voir, mais je pense qu’il me voit pu forcément comme avant la marche… Probablement un peu plus teigneuse… Lui qui a dit une fois que j’étais presque trop facile à vivre, je pense qu’il est content de voir à quelle psychopathe il échappe régulièrement.

Mais malgré tout ça (vous venez de lire 8 pages Word) on a passé un bon moment, perso je re-signe pour 2009, et on a eu la chance inouïe d’avoir une équipe de soutien en or. En plus que or si y a mieux ! Que le lendemain, lundi, j’avais du mal à croire qu’il fallait que je me fasse mon ptit déj de nouveau moi-même (mais vaut mieux que je me bouge pour manger paske j'ai perdu 3kg pendant ce weekend, ça fatigue) et aller chercher mes chaussettes propres toute seule. La vie est bien difficile de nos jours.

mardi 25 mars 2008

moi aussi et ... la marche à pied

Eh ben j’avais fait un bon redémarrage et pan, dans la première ligne droite, raté, l’effondrement, j’ai re-pas écrit pendant des lustres. Ouais, trop dur.
En même temps, pour une fois, j’ai une excuse qu’est trop bien : c’est pour les ptits nenfants pauvres que j’écris pas. Non pas que mes écrits (j’me la pète) aient quelque conséquence que ce soit sur les ptits nenfants pauvres, mais aussi idiot que ça paraisse, ma marche de 100km c’était pas une blague.
Je sais que quasiment tout le monde sait marcher, et que même moi qui ai un sens de l’équilibre qui défie à peu près toute concurrence, mettre un pied devant l’autre, je sais faire.
Mais quand même, 100 bornes, faut s’entrainer.

Et pour s’entrainer à marcher, ben y faut marcher.

Alors ça on a marché. Partout. Wellington je connais trop par cœur. Si si. Quand vous en venez à pouvoir décrire en quasi-continu un chemin de rando de 16 km, c’est que vous connaissez bien les lieux, oui oui oui. On a découvert des endroits charmants, un bon repérage de où enterrer un cadavre dans des m² de forêt dense, qu’un ptit renne y retrouverait pas ses sabots, on est incollables sur les épiceries dans les coins paumés pour les ravitaillements en eau et alors on vous dresse en deux temps la carte d’état-major des sanisettes de la région.

Donc ouais depuis mon déménagement, je vis en chaussures de rando et j’évolue d’épicerie en sanisette, ma photo figure à la rubrique « glamour » dans n’importe quel bon dico. Mes chaussures de rando, j’ai bien fait comme tout le monde m’a dit, j’ai pris confortable. Confortable, en langage de chaussures, ça veut dire moche. Oui ok, j’en aurais rien à foutre d’être physiquement apparentée à Bonhomme Michelin au bout de 100km du moment que je survis, mais n’empêche, en attendant d’être en délire de fatigue dans mes pompes de cosmonaute, je me rends bien compte que je suis ridicule. « Mais t’as pas trop chaud en pantalon ? Tu veux pas te mettre en short ? » Nan t’es gentil, j’ai pas trop chaud nan. J’ai des genoux, on dirait des sculptures de César, alors nan c’est bon les pompes à Michelin et les genoux de Gremlins, je vais éviter de faire compilation.

Oui je suis une fille superficielle. Eh c’est bon hein, je vais me cogner 100 km pour lutter contre la pauvreté, je peux bien être coquette deux secondes.

La première marche qu’on a faite, ça m’a confirmé que j’aimais pas la marche à pied. Oui ben mieux vaut tard que jamais mais de toute façon j’aurais eu 100km pour m’en apercevoir. C’est vrai que je fais partie des gens que ça gonfle un chouia de monter pendant une plombe, « mais si, Anne, tu vas voir on a une belle vue » Ben p*tain, ouais, vaut mieux que la vue soit belle !, pour tout redévaler dans les 5 minutes qui suivent et pire !! ré-entamer une montée tout aussi haute aussi sec. Pourquoi les randonnées ne sont pas plates ? Enfin ??? C’est quoi ce mépris du bon sens ? Genre le champ y fait 26 340 hectares, y a une seule colline dedans, qu’y faut faire un détour pour passer dessus, ben tu peux être sûr, le gars qui fait les plans, le chemin il passe pile sur la colline. Trop simple. Des fois, je soupçonne que ce soit pas que le hasard.

Depuis, j’ai un peu évolué, je commence à aimer la marche. Limite j’en redemande. Oui oh je me fais pas d’idée, je pense qu’après les 100 bornes, je me ferais une tite pause pas hyper active, et je risque de rattraper mon retard en DVD pas regardés. Mais en ce moment, je gratte à la porte pour y retourner.

Faut dire, on fait des trucs marrants. Par exemple, pour mon anniv, le soir, au lieu de se mettre une mine comme tout un chacun, on est allés … marcher. Cooooooooool. On a testé nos lampes frontales (eh ouuuuais j’ai une lampe frontale toute neuve qui clignote si je veux) pour notre première rando de nuit, on sait s’amuser nous. En plus, avec ma coupe de cheveux style pauvreté (= repousse aléatoire paske pas la thune pour aller me faire rater par Poloa, ma gentille coiffeuse surpayée) et le design de ma lampe frontale, on dirait la sœur de Bjorn Borg. Genre long sur les cotés et dans la nuque, et du volume sur le dessus. Autant dire que c’est pas cette année que je mettrais les photos de mon anniv sur mon blog. Ca va être des pièces collector voire un moyen de chantage.
Donc là on en est à 10 jours et 19h du grand jour, on a fait nos ptites listes de ce qu’on veut manger, des ptites chouchouteries qu’on aimerait que notre « équipe de soutien » nous apporte aux points de contrôle, on a vérifié qu’on avait bien tout ce qui faut en poncho, bonnet et autres bandes phosphorescentes, mes virées shopping sont exaltantes. Pour ce qui est de la marche, je dirais qu’on est un peu prêtes mais bon, on s’est pas non plus tuées à la tâche et je pense qu’on va s’en mordre les moufles. Notre équipe de soutien se prépare psychologiquement à nos possibles écarts d’humeur, sachant que la moitié de l’équipe est faite des ptits copains et l’autre de collègues, et que toutes les quatre, on marche entre copines, si on gère mal, on se fâche avec tout le monde : les amis, le mec et le taf. Ca va être bien cette marche.

jeudi 7 février 2008

mon tout petit petit monde

On change de maison mais pas de vie, pas de raison.
Mes colocs et moi on a du déménagé, l’église reprend la maison pour loger une famille chrétienne… Au moins ça se tient. Mon coloc Gareth, qui ne manque pas de suite dans les idées, a demandé « Et si on se met à aller à l’église le dimanche, c’est bon ? » Oui bien sûr ben pense à t’habiller avant alors et à te brosser les dents, l’haleine gin redbull et le teint party pills en caleçon, pas sûr que ça fasse hyper chrétien.
La réponse a été non, « Dieu » merci !

Donc nouvelle maison. Je vous épargne les visites mais j’ai trouvé une maison parfaite, mis à part le fait que j’ai eu la chambre parce que la précédente locataire a été assassinée par son ex-amant. Deux semaines de menaces et un passage à l’acte quand elle est partie en vacances dans sa ville natale. C’est arrivé la même semaine où une fille se faisait violer dans le salon de la maison où je passais le weekend après qu’un mec l’ait drogué. La Nouvelle-Zélande est un pays gentillet mais quand ça part en sucette, ça atteint tout de suite l’immonde.

Enfin.

Une fois mon emménagement fait, on est vite passé de New York Police Criminelle à Ally Mc Beal, avec ma coloc Lanah. J’ai trois colocs, Bert, le fils des proprio, informaticien pas souvent hors de sa chambre, JD, informaticien encore moins souvent hors de sa chambre, j’ai mis QUATRE jours à la rencontrer, et Lanah, américaine, 30 ans, vivant sur le même palier que moi. On s’est assez vite aperçu qu’on pouvait considérer qu’on habitait toutes les deux ensemble avec occasionnellement deux mecs, mais que si on les attendait pour avoir une vie de colocs, on risquait de passer à coté de nos enfants et nos petits-enfants.

Donc Lanah et moi on est devenues copines. Elle me paraissait familière de toute façon mais sans troop savoir pourquoi. Il m’aura fallu une semaine pour savoir. Faut bien passer par les questions banales, on a donc atteint le « tu fais quoi en général le weekend ? » Vous avez la réponse, j’ai la réponse, « je fais du bateau ». « Ooooooooooooooh super j’ai pris des cours de bateau y a un an et demi » ah oui ? « oui au yacht club, en aout ». Oh oh oh, je t’ai reconnue, Fantômette, je te connais du yacht club et ça va pas être long à vérifier… « C’est vrai ? C’était qui ton instructeur ? » « Russell » Voilà, j’y suis. « Tiens, marrant, chui sortie avec Russell » « oh ? moi aussi ». La fête !! Comme dirait mon pote Ewen, ma coloc et moi on est copines de bave. Class, je sais. Bon on a démêlé les qui, quoi et quand, et donc au total, c’est un peu moins croustillant que ça, y a eu emballage un soir mais po abouti, un mois après que ça se soit fini pour nous, mais quand même, qu’une française et une américaine qui se connaissent pas et vivent dans un troisième pays se trouve un point commun assez peu commun, je me dis que ma vie continue bien comme elle a débuté.

Depuis, Russell est parti sur l’île du Sud et ni Lanah ni moi ne l’avons revu, juste de vagues contacts par internet.

Donc une histoire dont on peut rigoler et qui a même amusé mon copain, po de raison de s’agacer. Et là où habiter à Wellington ajoute ce petit grain de piment si caractéristique, c’est que ça faisait 10 minutes à peine que j’avais raconté cet épisode à Josh, mon copain donc, en précisant bien que Russell est pu dans les parages, etc, que sur qui on tombe dans la boite où on passait la soirée ? Oh ! Russell. Pour une fois j’ai aimé être dans une boite de nuit où y fait noir et tomber nez à nez implique pas forcément se voir, je sais pas si ça a été volontaire mais on a bien réussi à ne pas se dire bonjour, autant raconter l’histoire à Josh c’est marrant, autant avoir à faire les présentations c’est moyen bof. En plus, Josh habite maintenant à l’autre bout du pays et est persuadé que la moitié de la ville veut me choper, ce qui est bien entendu légèrement exagéré, et je suis devenue assez jalouse moi-même en quelques mois pour pas aller remuer le couteau dans la tasse sans raison.
Le fait qu’un abruti bourré qui sert de copain à une vague connaissance ait trouvé malin de devenir assez tactile envers mon arrière train pendant que Josh allait chercher pour ce blaireau entre autres des bières pendant le match de rugby était déjà bien suffisant.

J’adore ma nouvelle maison, mes ex, mon mec et la Nouvelle-Zélande.
La prochaine fois, je vous raconte à quel point j’adore mon nouveau médecin, Rachel.