mardi 17 avril 2007

ma nouvelle vie

Je profite des vacances universitaires pour donner des news, parce que ici, système anglosaxon oblige, les étudiants/élèves sont en vacances mais les profs sont tenus d’être au bureau le même nombre d’heures que d’habitude, donc 28 heures de présence pour mes bois de renne et moi, et après avoir préparé les cours que je donne à l'école de langue, ben y me reste du temps libre, pas si fréquent ces derniers temps… Donc si vous aviez pas suivi, là vous avez peut-être un brin d’indice comme quoi je ne bosse plus au même endroit après 19 mois de service, dont un dernier mois à cumuler 3 jobs, que j’ai pas du tout mais alors pas du tout aimé. Je suis manifestement pas prête à travailler 55h par semaine dont 24 heures de cours. Faut tester pour être sure, j’ai testé, je suis sure. C’est mon dernier mot, JP.

La fac, c’est pas mal, j’ai mon bureau où je peux dormir dedans, critère non négligeable dans l’appréciation des locaux, j’ai déjà essayé plusieurs fois, c’est relativement confortable. Côté étudiants, ça va aussi, sans surprise, pas grand-chose à voir avec une fac française, ici c’est pas une tare de parler à un prof, on se tutoie et on s’appelle par les prénoms, à la kiwi, relax. Tellement à l’aise qu’une étudiante qui devait avoir des soucis personnels et qui a éclaté en sanglots au milieu de mon cours a pas eu envie de sortir de la classe. Pas faute d’avoir essayé de l’éjecter. Chui po un renne sans cœur, mais bon, je fais français, pas piscine.

A l'école de langue, ma foi, pas pire non plus, je suis en train de devenir la prof du matin pour les gens qui veulent apprendre le français avant d’aller bosser, donc de 7 à 8h le matin. Lever à 5h30, j’avoue que je commence tout juste à m’y faire après 10 semaines, mais c’est probablement parce que ce trimestre-ci, je suis une prof du matin z’et du soir, et ben deuxième chapitre de « Anne au travail », qui devrait surpasser les ventes de « Martine à la ferme » en librairie, j’aime pas travailler de 7h à 20h. Le mercredi, par exemple, j’ai 8 heures de cours entre 7h et 20h, eh ben non y a pas, j’aime pas. Ca devrait s’arranger un peu dès la semaine prochaine avec suppression des cours du soir et encore plus dans 7 semaines avec pu du tout de cours le vendredi jusqu’à fin novembre, chui plutôt contente.

Je me plains pas, ces heures supp me permettent de me laisser aller à des achats spontanés de chaussures, je peux rechausser le Lichtenstein à moi toute seule, et à faire du bateau tous les weekends, ce qui n’est pas cher en soi, mis à part que ça se finit immanquablement au bar du club de voile à payer chacun sa tournée, puis en barbecue avec cagnotte collective. Mon dieu que la vie est dure… En parlant de bateau, donc, je continue.

Y a pas, dans une eau ou il n’est pas rare de croiser des pingouins et des orques, pas les animaux les plus tropicaux du zoo, la voile c’est plus accessible que la plongée ! Pour ceux qui sont pas encore surs, oui la Nouvelle-Zelande est bien dans le Pacifique, mais non, le Pacifique, c’est pas que de l’eau chaude. Et Wellington est LA ville oubliée du réchauffement climatique. Ca a ses avantages pour sur, mais ça incite aussi à la pousse des poils. D’ailleurs, en les faisant bien pousser, ils cacheraient peut-être mes bleus. La voile n’aura aucunement participé à l’amélioration de mon système veineux ! Je viens encore de faire une régate ce weekend, sur 4 jours, 13 courses, une trentaine de bleus sur les genoux et les tibias. « Achète-toi des genouillères » me dit-on.

Ah mais j’avais pris les devants, je les ai achetées, mes genouillères, mais le skipper du bateau sur lequel je navigue habituellement n’avait pas manqué de remarquer mon sens de l’équilibre pour le moins incertain et m’avait filé un job où on peut se cogner les bras mais pas les jambes, et j’avais, dans un élan de générosité, proposé mes genouillères à ma copine Elaine. Et ce weekend, changement de skipper, changement de rôle, je suis devenue le mât et la proue (2 en 1, le renne) au lieu d’être le piano (pas le truc avec des touches et qui fait du bruit, des fois harmonieusement, non, le piano du bateau avec des cordes que je dois tirer ou relacher au fur et à mesure des manœuvres en cours sur le bateau).

Eh ben être un mât, ça fait mal aux genoux. Et être une proue, ça fait normalement pas trop mal, sauf que si c’est vrai que les moustaches des chats leur servent à évaluer leur taille par rapport aux obstacles, ben je voudrais bien avoir les mêmes moustaches, paske j’évalue manifestement assez mal ma taille par rapport au tangon, le bras en métal qui supporte le spinnaker, la voile qui déguise un bateau en montgolfière vu de devant.

Anne – le tangon, deux confrontations, le tangon vainqueur de chaque rencontre.

Quand je faisais pas le mât, j’aidais Matt à régler la tension de la voile dont il s’occupait. Là j’ai testé la rencontre main versus poignée de winch. Vu que 4 jours plus tard, je ne peux toujours pas me servir de mon pouce gauche et qu’un tiers de ma main est endolori, je pense que c’est la poignée qui a gagné. Ligaments du pouce étirés. J’avais eu les ligaments de la cheville déchirés en novembre, pas de raison que je laisse les autres ligaments à la traine. « Pis de toute façon, t’as d’autres doigts et une autre main ». Effectivement. Ca, c’était seulement pour ce weekend, celui d’avant, Jamie, un visiteur sur le bateau, m’avait assommée deux fois à coups de coude, tout affairé qu’il était à ne pas faire ce qu’on lui demandait, il ne s’est rendu compte de rien, moi par contre, ça m’a frappée.

Pourtant, je m’étais chargée 2 jours avant de ma propre défiguration, avec un cocard bien fait à l’œil gauche. Non mes colocs ne me battent pas, non je ne me suis pas fightée à la sortie d’un bar, non je suis simplement du genre à assortir mes boucles d’oreilles à mes fringues, nan mais quelle pouffe, et étant maladroite, comme précédemment expliqué, je fais régulièrement du lâcher de boucle d’oreille, mes heures d’entrainement coïncidant généralement avec les jours où je suis en retard. Donc ce jour-là n’a pas échappé à la règle, j’ai lâché ma boucle et je me suis précipité pour la rattraper, mais là encore, il m’aurait bien fallu un kit de moustaches pour chat, j’aurais alors su que le tiroir de ma commode était sur le chemin et je me serais peut-être pas précipité la tête la première dedans. C’est con un renne.

Comme a dit un copain « eh ben maintenant tu penseras à fermer tes tiroirs ». Pas faux. Une semaine avec un cocard, ça, c’est fait. Dans 24 heures, je repars en bateau pour deux jours et demi, avec nuits sur le bateau, cette fois-ci, dans une zone réputée des plus belles et des plus calmes, alors je sens bien une marée noire ou une tempête, mais tant pis, c’est prévu, j’y vais.